Reconnue et adoubée par André Breton et Marcel Duchamp, intégrée un temps au mouvement surréaliste, Judit Reigl (1923 – 2020) n’a cessé d’explorer un chemin artistique singulier en s’affranchissant des délimitations entre abstraction et figuration, revenant ainsi, en apparence, à une peinture figurative en 1972 au moment où elle commençait enfin à être reconnue.
Son parcours témoigne d’une liberté et d’un engagement personnel profond. Judit Reigl a continué à peindre alors que tout l’en dissuadait.
« Hongroise ? Une femme, en plus ? » aurait dit un collectionneur américain, découragé par ce qui représentait un triple handicap dans les années
1970 : la figuration, le genre féminin, la nationalité.
Bien que son œuvre, conçue en séries successives, ait su embrasser de grands moments de l’histoire de l’art, bien que tout son travail puisse être interprété comme minimal puis témoigner de la résilience de la peinture à travers les retours à la figuration, bien que son rapport au « peindre » soit aussi radical que d’autres (dès 1951, elle abandonne le pinceau et ne peint plus qu’avec ses doigts ou des instruments qu’elle construit elle-même), et malgré le travail admirable du fonds de dotation Judit Reigl, l’importance de son œuvre n’a pas été assez reconnue, à l’instar de beaucoup d’autres artistes femmes.
Judit Reigl a été lauréate du prix d’honneur AWARE (Archives of Women Artists, Research and Exihibition) en 2017. Ce prix symbolise la nécessaire reconnaissance de grandes artistes femmes dont l'œuvre et la carrière ont trop souvent été méconnues ou redécouvertes tardivement dans le cadre de rétrospectives partielles. Ce prix s'accompagne de la publication d'un long entretien qui est l'occasion d'entrer dans les détails de leur vie, de leur parcours et leurs rencontres.