La Reconnaissance des motifs
« Certes, il glane, images et objets.
Certes, il collectionne. Pour lui, et par procuration, faisant siennes les merveilles et curiosités trouvées dans les réserves des improbables musées où il aime passer ses vacances d’été.
Certes, il compose, expose. Il parle de “displays”, et c’est souvent cette étonnante capacité à organiser (dans) l’espace que l’on souligne. Et l’on ne s’étonne guère qu’il soit de ces artistes également commissaires, la redistribution étant au cœur de ses préoccupations.
En dépit de tout cela (dont je suis évidemment convaincue), je pense que l’on oublie peut-être trop vite que Guillaume Constantin est, avant tout, sculpteur. » (Marie Cantos)
C’est de toutes ces facettes du travail de Guillaume Constantin dont il est question dans cette monographie. Les séquences consacrées aux œuvres — qui présentent de nombreuses vues différentes permettant d’appréhender les volumes, les rapports à l’espace et les détails de composition — alternent avec des séquences de textes aux tonalités différentes — d’un entretien à un glossaire, en passant par des textes plus théoriques et d’autres plus descriptifs ou très subjectifs.
Appropriation, recyclage, détournement et autres déplacements, transformations, voire anachronismes, habitent l’œuvre de Guillaume Constantin. Développant un travail essentiellement sculptural et d’installation, il conçoit régulièrement des dispositifs d’exposition ou réalise des interventions sur des dispositifs d’exposition préexistants, notamment muséaux. Il interroge le rapport à l’œuvre ou à l’objet, sa collection et ses modes de monstration comme de circulation, son histoire, au sein de différents contextes mettant en tension conservation et disparition, visibilité et absence. L’artiste remet littéralement en jeu l’exposition en même temps qu’il en propose une réécriture et une relecture, convoquant la mémoire et les traces du passé.
Au moment de finaliser la maquette de ce livre, Guillaume Constantin est intervenu sur certaines pages en y intégrant des images, comme s’il s’agissait d’un dispositif d’exposition. Si cette mise en abyme lui permet de s’approprier la représentation de son propre travail, elle crée aussi un doute sur ce qu’il nous est donné à voir et fait de cette monographie un véritable livre d’artiste.