Peindre l’ultime espace
Née en 1927 au Havre, Colette Brunschwig expose pour la première fois en 1952, à Paris, à la galerie Colette Allendy. Peintures acryliques, encres, gouaches, lavis, aquarelles dessinent une œuvre plastique inlassablement travaillée par les gris définis comme un intermédiaire pictural des couleurs, par le surgissement d’une forme prise dans l’enjeu d’une indéfinition du motif abstrait, et par l’inexorable dissolution de l’image et de la représentation.
Peintre du XXe siècle, elle interroge de façon singulière la modernité artistique occidentale, et les traumas historiques que furent la Shoah et Hiroshima. Dans la proximité philosophique d’Emmanuel Levinas, proche du philologue Jean Bollack, l’artiste joint ses recherches picturales liées aux abstractions des années 1950 et son étude continue des traditions exégétiques talmudiques. A la fin des années 1960, elle y associera l’enseignement des peintres lettrés chinois des XIIe et XIIIe siècles.
Assumant une double généalogie avec Claude Monet et Kasimir Malevitch, Colette Brunschwig n’a cessé d’explorer un espace dynamique, traversé d’un souffle intérieur d’expansion et de compression ; un espace qu’elle rend patiemment disponible pour recommencer la peinture après l’anéantissement, pour y inscrire les strates réflexives et sensibles d’une revie des formes.
Cette monographie se veut un outil ouvert de connaissance. Elle se compose de deux volumes distincts rassemblés sous une jaquette transparente. Un volume en couleur présentant une importante sélection de ses œuvres. Un volume noir et blanc consacré à ses archives personnelles, sa correspondance avec des figures célèbres de la scène artistique et littéraire française de l’après-guerre, des textes de l’artiste elle-même sur son rapport avec l’art moderne et celui de son temps, des photographies d’expositions et quatre essais critiques.