Inventer la couleur
Ce n’est qu’en 1976, plus d’un siècle après son invention par Louis Ducos du Hauron, que la photographie en couleur accède officiellement au statut d’œuvre d’art avec l’exposition de William Eggleston au MoMA. Cette consécration intervient alors qu’autour de lui, à New York, Ernst Haas ou Saul Leiter utilisent la couleur déjà depuis plusieurs décennies.
En Europe, où règne aussi l’exclusivité artistique du noir et blanc, l’Italien Luigi Ghirri, dans les années 1970, et le Français John Batho, dès 1963, s’engagent dans la couleur. « Je voulais savoir, déclare ce dernier, ce que la photographie pouvait avoir à dire au sujet de la couleur. »
Dans le sillage de ces pionniers, des photographes comme Jan Groover, James Welling, Alix Delmas et Philippe Durand poursuivent ce mouvement d’émancipation. La génération suivante, née avec le numérique, représentée par Constance Nouvel, Vincent Ballard, Julien Richaudaud et Laure Tiberghien, interroge l’histoire des procédés et le dispositif photographique lui-même.
Tandis que Sammy Baloji, John Batho, Alix Delmas et Mazdak explorent la portée politique de l’usage de la couleur, quelques francs-tireurs, Denis Brihat, Bernard Plossu, Pierre et Gilles, Paolo Roversi, développent une œuvre en marge de l’histoire de l’art, où la couleur se révèle comme une évidence.
Une contribution de Nathalie Boulouch met en perspective ce panorama subjectif composé par François Saint Pierre avec ces dix-neuf artistes qui inventent la couleur.