L’Atelier du Pic
Construction d’un atelier de design graphique en vue de réaliser une monographie tel est le sous-titre de la monographie de Laurent Tixador, qui a été conçue au sommet du Pic du Midi dans un atelier construit sur mesure avec des matériaux de récupération.
En collaboration étroite avec le graphiste Mathias Schweizer, ils ont découpé et scotché plus d’un millier de photographies, pour réaliser un scrapbook rassemblant toutes les actions de Laurent Tixador.
Le résultat : un livre de 400 pages, pour entrer en symbiose avec une œuvre qui, depuis quinze ans, interroge notre usage du monde et du temps, notre façon d’habiter, de produire et de consommer.
Ce livre est autant celui d’un voyageur que celui d’un artiste. A l’instar de ces cahiers dans lesquels les globe-trotters notent leurs impressions, racontent des anecdotes, collent des photos, des papiers et des documents collectés, L’Atelier du Pic foisonne de mille détails parfois imperceptibles, toujours personnels, qui lui confèrent une densité mystérieuse.
L’œuvre d’un voyageur inspiré par Walden de Henry David Thoreau et Traité du rebelle de Ernst Jünger, qui explore de nouveaux horizons comme autant d’alternatives aux normes dominantes.
Avancer vingt jours sous terre en creusant un tunnel qu’il rebouche derrière lui, relier Nantes à Metz à pied en ligne droite, partager pendant trois mois la vie des scientifiques et des militaires sur l’archipel des Kerguelen, construire un pont en forêt sans autres outils que les silex qu’il a taillés et les haches qu’il a fabriquées sur place…
Autant d’actions souvent immatérielles, vouées à disparaître, qui se sont tenues à l’écart de tout spectateur, dont ce livre garde la mémoire, au même titre que ses journaux de bord et récits retranscrits intégralement, ou que ses objets sculptés, ciselés dans les matériaux trouvés – cannettes, boîtes de conserve, os de seiche, bois de renne, os de vache, branches de platane, silex, obus…
Un voyageur qui s’engage physiquement et qui pourrait faire sienne cette citation de R.M. Rilke : « Les œuvres d’art naissent toujours de qui a affronté le danger, de qui est allé jusqu’au bout d’une expérience, jusqu’au point que nul humain ne peut dépasser. Plus loin on pousse, et plus propre, plus personnelle, plus unique devient la vie. »
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