Londres 2012 et autres dérives
Arpenteur insatiable de Londres, Iain Sinclair dresse dans ce recueil un portrait de sa ville, loin des images fabriquées pour touristes consommateurs.
Les Barrières de la guerre, paru en mai 2008 dans la London Review of Books, décrit une ville défigurée par le rouleau compresseur des Jeux Olympiques, cette « machine à lancer la rénovation urbaine ». Une ville aux mains de spéculateurs qui s’enrichissent en orchestrant la destruction de quartiers entiers dont la population abandonnée est refoulée vers l’extérieur.
Premier Départ est une virée de l’autre côté de la M25, le gigantesque périphérique de la mégalopole londonienne, zone d’anarchie et de piraterie colonisée par les résidences de prestige. On suit le ballet incessant des voitures gravitant en orbite autour de la ville dans une vision fascinante de notre futur urbain.
Au gré de ses dérives volontaires, à la manière d’un Walter Benjamin ou d’un Georges Perec, Iain Sinclair dresse une anthropologie de l’infra-ordinaire et déchiffre les signes de son époque.
« Par son style, il est incomparable. C’est le Thomas de Quincey du vingt et unième siècle », affirme Peter Ackroyd. On pourrait aussi invoquer Willam Blake, William Burroughs et surtout J.G. Ballard.
Pour entrer dans son univers, il faut oublier ses repères cartésiens et céder au rythme envoûtant de sa prose nourrie de la Beat Generation, de Chaucer et de Keats. On découvre alors, un monde étonnant, aux interzones de la ville, une sorte de réalité parallèle peuplée de fantasmagories et de personnages étranges, où le moindre détail peut devenir l’indice d’un mystère ancien.