Manifeste ORLAN
“J’ai changé de visage, j’ai vendu mes baisers d’artiste et je vends ma chair sans que le ciel me soit tombé sur la tête. J’ai agi sans avoir peur, en ne me sentant aucunement influencée ou menacée par la peur collective et ancestrale de toucher à l’intégrité du corps.”
Dès les années 1960, l’artiste, qui décide de ne plus avoir de date de naissance, appelle à une recréation de son identité et à une réappropriation totale de soi. ORLAN. Chaque lettre de son nom est écrite en majuscule. Le nom de l’artiste est en soi un manifeste : “Mon nom, ORLAN, fait partie de la réinvention de moi, de la refabrication de moi et tout ce que j’ai fait est une rupture avec la filiation du père et le corps de la mère.”
ORLAN met en corps son œuvre comme elle met en œuvre son corps. Sculptrice de sa propre existence, elle fait bien plus que se donner un style, elle se réalise comme forme de vie à part entière. Tout en elle participe au modelage de soi, tout concourt à une performance techno-organique continue. Figure dialectique, à la fois sculptante et sculptée, ORLAN est aussi un personnage conceptuel, une entité dont la vie se donne à elle seule comme une pensée.
Cet ouvrage donne littéralement corps à l’œuvre d’ORLAN, au sens où il en révèle toute la cohérence formelle et conceptuelle. Depuis ses premières performances (Corps-sculpture sans masque, 1964), jusqu’à ses hybridations numériques les plus récentes, en passant par ses neuf Opérations-Chirurgicales-Performance (années 1990), ce panorama très complet est mis en perspective par un appareil critique, suivi d’un entretien, qui interroge à la fois les fondements de l’œuvre et ses résonances avec les enjeux contemporains.